Garantir l’accès universel à l’oxygène médical
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Garantir l’accès universel à l’oxygène médical: un investissement clé pour la santé globale
Selon le dernier rapport de The Lancet Global Health Commission on Medical Oxygen Security, plus de 5 milliards de personnes (60 % de la population mondiale) n’ont pas un accès garanti à un oxygène médical sûr et abordable. Ce problème est souvent méconnu, mais il cause chaque année des centaines de milliers de décès évitables et affecte des millions de patients ayant des besoins médicaux critiques.
Voici les principales conclusions du rapport :
- Une inégalité extrême persiste. Les pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) sont les plus touchés, avec seulement 30 % de couverture en oxygène médical pour les patients ayant des besoins aigus.
- De plus, la demande pour cet élément vital ne cesse d’augmenter. Chaque année, 374 millions de patients ont besoin d’oxygène médical, en particulier pour les maladies respiratoires, les interventions chirurgicales et les soins intensifs.
- Les infrastructures sanitaires présentent également des lacunes importantes. Seuls 45 % des patients souffrant d’hypoxémie reçoivent de l’oxygène dans les hôpitaux généraux des PRFI, tandis que dans les centres de santé primaire, 93 % souffrent de pénuries.
- L’un des principaux problèmes est l’utilisation insuffisante de l’oxymétrie de pouls. L’oxymétrie de pouls est une technique non invasive qui mesure le niveau d’oxygène dans le sang à l’aide d’un dispositif fixé au doigt, permettant une détection précoce de l’hypoxémie et assurant une prise en charge médicale adaptée. Bien que disponible dans certains hôpitaux, elle n’est utilisée que chez 19 % des patients dans les hôpitaux généraux et chez 54 % dans les hôpitaux tertiaires.
L’oxymétrie de pouls est essentielle pour des soins médicaux sûrs et abordables et devrait être intégrée aux protocoles cliniques et aux formations médicales afin d’en garantir une utilisation appropriée à tous les niveaux de soins.
- L’étude met en évidence le besoin urgent d’investissement dans le secteur. Actuellement, on estime qu’il faudrait 6,8 milliards de dollars par an pour garantir un accès universel à l’oxygène médical dans les pays à faibles ressources.
L’Oxygène Médical comme Investissement Stratégique
Le rapport souligne que garantir l’accès à l’oxygène médical est une mesure hautement rentable, comparable à la vaccination infantile (59 dollars par DALY évité). Cet investissement accélérerait l’atteinte de 8 des 9 Objectifs de Développement Durable (ODD) en matière de santé et renforcerait la préparation aux futures pandémies.
L’Impact de Nos Projets sur la Formation Sanitaire
Pour faire face à cette crise, la formation du personnel médical est essentielle. C’est pourquoi l’un des piliers fondamentaux de nos actions repose sur le renforcement des capacités. À travers nos projets :
- Nous formons le personnel médical à l’utilisation de l’oxygénothérapie et des concentrateurs d’oxygène afin de garantir une application efficace et sûre.
- Nous mettons en place des formations à l’oxymétrie de pouls, améliorant ainsi la détection et la réponse à l’hypoxémie dans les environnements disposant de ressources limitées.
En formant le personnel médical, nous cherchons à renforcer la durabilité des systèmes de santé, en dotant les professionnels des outils et des connaissances nécessaires pour pallier les pénuries d’oxygène.
Étude de Cas 1 : Projet Kotiakró, Côte d’Ivoire
À travers le projet Garantir le droit à la santé dans la communauté de Kotiakró, nous œuvrons à réduire ces pénuries et à améliorer l’accès aux services de santé essentiels. Ce projet inclut la formation du personnel médical local à l’utilisation correcte des concentrateurs d’oxygène et de l’oxymétrie de pouls, garantissant ainsi que les patients en état critique reçoivent le traitement approprié.
Dans le cadre du projet, un système d’alimentation électrique basé sur l’énergie solaire photovoltaïque a été installé afin d’assurer une alimentation continue en électricité pour les concentrateurs d’oxygène 24h/24 et 7j/7, garantissant ainsi la disponibilité de ce traitement médical dans le centre de santé et la maternité.
Étude de Cas 2 : Projet au Maroc – Médicalisation des Ambulances
Dans les zones rurales du Maroc, l’absence d’oxygène médical pendant le transport des patients constitue un risque majeur pour les patients en état critique. Pour répondre à ce problème, Azimut 360, en collaboration avec la Délégation de la Santé de Chefchaouen et notre partenaire local ADL, a développé un axe du projet de santé visant à équiper les ambulances de la province avec des bouteilles d’oxygène. Ces bouteilles peuvent être remplies localement à l’Hôpital Provincial après le transfert des patients depuis les centres de santé ruraux, évitant ainsi les ruptures de stock de bouteilles pour le transport vers les centres de santé les plus isolés.
Recommandations Clés du Rapport de The Lancet Global Health
Notre ingénieure Mireia Gil a contribué en tant qu’auteure à cette étude, dont nous extrayons quelques recommandations essentielles :
- Élaborer des plans nationaux pour réduire l’écart d’accès à l’oxygène médical.
- Mobiliser des fonds internationaux et renforcer la collaboration avec le secteur privé.
- Intégrer l’oxymétrie de pouls et l’oxygène médical comme indicateurs essentiels dans les bases de données mondiales.
- Promouvoir des solutions innovantes en matière de technologie et d’infrastructures de santé durables.
L’accès à l’oxygène médical est une question de justice sanitaire mondiale. Avec une stratégie bien définie et un engagement politique, il est possible de garantir qu’aucun patient ne meure par manque de cette ressource essentielle. Il est temps d’agir.
Deuxième phase du projet solaire photovoltaïque du MRC/UVRI & LSHTM à Entebbe, Ouganda : 45 % de fraction solaire atteinte !
Deuxième phase du projet solaire photovoltaïque du MRC/UVRI & LSHTM à Entebbe, Ouganda: 45% de fraction solaire atteinte!
À Entebbe, une ville située sur les rives du lac Victoria en Ouganda, des progrès récents ont été réalisés dans le domaine de l’énergie solaire. Avec un générateur photovoltaïque exceptionnel de 278 kWp et 930 kWh de BESS LFP, l’unité de recherche biomédicale MRC/UVRI & LSHTM a atteint une fraction solaire électrique de 45 % (ce qui se traduit par des économies sur les factures d’électricité). Cette initiative non seulement augmente la capacité de production d’énergie durable du centre, mais établit également une référence vers un avenir plus durable et autonome sur le plan énergétique. Comme le projet en est maintenant à sa deuxième phase, cette expansion a été construite sur l’installation solaire photovoltaïque précédente, qui comprenait un système d’autoconsommation de 327 kWp.
Les panneaux photovoltaïques de cette nouvelle phase ont été placés sur les toits de la clinique CRF, une clinique récemment construite par le centre, et sur les maisons du personnel. Chaque toit dirige toutes les chaînes photovoltaïques vers deux salles techniques, où les onduleurs photovoltaïques ont été installés. Des fusibles et des parafoudres ont été installés à la fois sur les toits et à l’intérieur des salles techniques pour protéger toutes les chaînes CC. Les protections CA et les autres tableaux électriques et de communication complètent l’installation dans les salles techniques. Toute l’électricité produite dans la zone de la clinique CRF est transférée vers la zone principale par une ligne de moyenne tension récemment installée, une extension de l’anneau existant de 11 kV de l’unité. Un système de stockage d’énergie par batteries (BESS) est connecté en basse tension directement au tableau électrique principal de l’unité. Il s’agit d’un ensemble d’armoires extérieures, placées sur une dalle en béton.
Quels étaient les objectifs de cette installation ?
Le Conseil de Recherche Médicale en Ouganda avait un double objectif. D’une part, réduire autant que possible les factures d’électricité, devenant ainsi immunisé contre les fluctuations futures des prix de l’électricité et du diesel. D’autre part, et peut-être plus important encore, devenir neutre en carbone et se rapprocher de l’autonomie énergétique complète.
Comment y sommes-nous parvenus ?
Nous avons réalisé une étude de préfaisabilité, qui comprenait la surveillance des schémas de consommation d’énergie du centre. Ensuite, nous avons effectué des simulations pour optimiser l’expansion (qui incluait photovoltaïque + stockage), et enfin, nous avons conçu et ingénieré la solution en utilisant les meilleures marques disponibles sur le marché. Nous avons conclu que la meilleure zone disponible pour installer les modules photovoltaïques était autour des maisons du personnel et sur le nouveau toit de la clinique CRF, qui disposait également d’une surface considérable. Pour y parvenir, il a fallu étendre l’anneau de moyenne tension que l’unité d’Ouganda avait déjà. Un total de 520 modules photovoltaïques ont été installés sur 7 toits. En ce qui concerne le BESS, nous avons choisi d’installer un système de conversion d’énergie (PCS) de 300 kVA du fabricant français Socomec, ainsi qu’un total de 930 kWh, répartis dans 5 armoires extérieures de 186 kWh chacune, de l’un des principaux fabricants de phosphate de fer et de lithium, CATL. Enfin, mais non des moindres, l’ensemble de la solution est contrôlé par un contrôleur hybride, qui surveille en permanence la charge, l’énergie générée par les panneaux photovoltaïques et l’énergie fournie par le réseau ou les générateurs ; ce contrôleur est également chargé de gérer le BESS, qui charge ou décharge la batterie selon la meilleure stratégie possible.
Le système de stockage d'énergie par batteries (BESS)
Comme mentionné précédemment, pour stocker l’excédent d’énergie solaire photovoltaïque, nous avons choisi le fabricant Socomec. Il s’agit d’une entreprise avec plus de 100 ans d’expérience dans la conversion d’énergie, la surveillance et les commutateurs électriques. En particulier, la solution sélectionnée était le « SUNSYS HES L », un ESS spécifiquement conçu pour les environnements extérieurs et les applications d’énergie renouvelable. Cette solution utilise trois types d’armoires, qui sont plus modulaires et occupent moins d’espace : un tableau de distribution électrique (AC-Cab), une armoire de conversion d’énergie (C-Cab) et chacune des armoires de batteries (B-Cab). En étant plus modulaire, cela permet au système de s’adapter facilement à mesure que les besoins évoluent. De plus, cette solution permet d’utiliser des configurations compatibles avec les applications de formation de réseau et de suivi de réseau. Le C-Cab dans ce cas comprenait six modules de puissance de 50 kVA, qui peuvent être échangés à chaud (c’est-à-dire qu’ils peuvent être remplacés même avec le système en ligne) en cas de maintenance.
En résumé, l’expansion solaire photovoltaïque réalisée à l’unité ougandaise de MRC/UVRI & LSHTM représente une avancée significative vers l’autonomie énergétique et la neutralité carbone. En combinant la technologie des modules photovoltaïques de classe mondiale avec les dernières avancées en matière de stockage d’énergie au lithium, ce projet couvre au moins 45 % des besoins énergétiques du centre avec une source d’énergie propre et constitue un modèle de référence pour les futurs projets dans la région.
La participation d’entreprises comme Azimut 360, spécialisées dans la promotion de solutions énergétiques durables et le développement de projets favorisant une transition énergétique propre, a été cruciale pour le succès et la future reproductibilité de cette initiative, qui ouvre la voie à un avenir plus vert et plus autonome.
Matériel élaboré avec le soutien d’ACCIÓ.